mardi 24 mai 2011

Les maires demandent l'arrêt des suppressions de postes à l'école primaire

L'Association des maires de France (AMF) a annoncé aujourd'hui son intention de demander au gouvernement l'arrêt des suppressions de postes à l'école primaire. Les maires souhaitent faire part"de leur vif mécontentement" concernant la réduction de 8 967 postes d'instituteurs et la suppression de 1500 classes prévues pour la rentrée 2011. Jacques Pélissard, député-maire UMP de Lons-le-Saunier et président de l'AMF, estime que s'il est trop tard pour 2011, il faut éviter de nouvelles suppressions en 2012.
Vous interpellez Luc Chatel, le ministre de l'éducation nationale, sur la question de la carte scolaire dans le primaire et notamment les suppressions de postes. Pourquoi réagissez-vous maintenant alors que les suppressions de postes ont commencé dès 2008 ?
Parce que l'Etat se devait à mon sens d'appliquer une révision générale des politiques publiques (RGPP) : la dette publique impose à l'Etat d'avoir une action forte pour réguler et maîtriser ses dépenses. Donc, au départ, cela me paraissait une bonne chose qu'il y ait eu une volonté d'avoir une maîtrise publique dans le domaine de l'éducation et une volonté d'avoir des enseignants devant les enfants et non pas ailleurs. Par contre, je crois qu'aujourd'hui nous avons atteint un degré où il ne me paraît pas souhaitable de poursuivre les suppressions de postes dans le primaire.
Le 18 mai, sur France Inter, Luc Chatel se justifiait en expliquant qu'à la rentrée 2011, il y aurait 500 000 élèves de moins qu'au début des années 1990, pour 35 000 professeurs de plus. Que répondez-vous à cet argument ?
C'est ce qui est organisé pour la rentrée 2011 : les suppressions de 2011 sont décidées, le budget 2011 est voté et il s'applique actuellement. Mais c'est pour la suite qu'il me paraît nécessaire de ne pas poursuivre ces suppressions de postes dans le primaire. A un certain moment, cette politique était nécessaire. Aujourd'hui, nous sommes à un niveau où il ne convient pas de poursuivre. Il faut à mon sens investir dans l'éducation de nos enfants en maternelle et en primaire.
Concrètement, quelles sont les conséquences de ces suppressions de postes sur vos communes ?
Les suppressions de classe, cela peut encore se gérer. Une suppression d'école, c'est beaucoup plus difficile. C'est un risque de trajet supplémentaire pour les enfants. C'est un risque de dévitalisation de certains bourgs ruraux, parce qu'une école fait vivre un bourg, une activité commerciale. C'est un pôle d'attractivité pour une petite commune. Enfin, dans les zones urbaines sensibles et dans les zones de revitalisation rurale, nous sommes face à une situation démographique qui n'est pas facile et cette diminution de l'offre de service public est pénalisante.
Pensez-vous que vous allez être entendu par le gouvernement ?
Je ne sais pas. Mais j'ai été auditionné il y a quelques semaines par la commission du Sénat qui fait un audit sur la RGPP. J'avais tenu le même discours. Il est important que l'on ait cette rigueur budgétaire, il est important que la RGPP s'applique, mais par contre il y a un secteur où il faut aujourd'hui interrompre ces suppressions de postes, c'est le secteur de l'éducation. J'ai porté le message, c'est ensuite au gouvernement de donner sa réponse.
Si le gouvernement vous répond par la négative, est-ce que vous envisagez d'aller plus loin dans votre démarche ?
Pour le moment, nous en sommes au stade de la position émise par le bureau de l'AMF. C'est une association qui représente tous les maires de France, les maires de droite comme de gauche, les urbains comme les ruraux. En principe, la position de l'AMF a un certain poids donc il faut attendre la réponse du gouvernement. Je ne vais pas donner de délai mais il me paraîtrait normal qu'il y ait une réponse avant la fin du mois de juin.
Propos recueillis par Thomas Baïetto(le monde)

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