vendredi 20 juillet 2012

Lancement de la concertation sur la loi d'orientation

Madame la Ministre, Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs les membres du CSE,

Vous le savez, la FCPE appelle de ses vœux le vote d’une loi d’orientation et de programmation pour l’Ecole de la République qui mette l’enfant, le jeune au cœur du système éducatif.
Elle ne veut pas d’une loi cache misère ou d’une loi qui reste inappliquée. Cette loi doit donner l’élan pour assurer l’égalité entre les territoires, l’égalité entre les enfants, l’égalité des droits face à la réussite ! La loi que nous voulons est une loi qui vit, une loi qui évolue, pour cela, la représentation nationale doit pouvoir se saisir de la question de l’Ecole pour en évaluer l’action et mesurer l’impact des réformes mais aussi savoir répondre aux manques. Que l’on ne voit plus jamais deux réformes d’ampleur comme celle du primaire de 2008 ou la suppression de la formation des enseignants sans même un débat à l’assemblée.
Cette loi d’orientation doit avoir de l’ambition, elle doit avoir de l’envergure, aussi grande que le plan Langevin-Wallon de 1947. Ses objectifs devront dépasser la frontière temporelle d’un mandat de cinq ans permettant d’avoir un regard sur le long terme, ce dont nous avons bien besoin. Elle devra fixer des objectifs : 85% d’une classe d’âge au baccalauréat, 50% à bac+3, 0% sans qualification. Elle devra assurer la gratuité et une politique sociale scolaire. Elle devra donner un cap perdu depuis longtemps. L’existence d’un ministère à la réussite éducative est pour nous aussi une indication de ce cap retrouvé qui ouvre à la formation tout au long de la vie.
Avant de vouloir plus d’Ecole, nous voulons surtout mieux d’Ecole !
Mieux d’Ecole, ce n’est pas une Ecole centrée sur le seul apprentissage des dits « fondamentaux» sur le seul, lire, écrire, compter.
Mieux d’école c’est mettre un terme aux processus de ségrégation scolaire : désectorisation, classes de niveau, entre soi scolaire et assurer un renouveau de l’Education prioritaire qui a été disloquée par les politiques précédentes.
Mieux d’école c’est plus de cohésion dans les projets éducatifs de territoire présents partout tel que nous l’avons inscrit dans l’appel de Bobigny, que vous avez cité et nous vous en remercions. L’Ecole doit être replacée au cœur de la ville, du village, du quartier et parfois même sous sa protection.
Refonder l’Ecole, c’est pour nous transformer la pédagogie en classe. Cela passe notamment par la fin du face-à-face et de l’organisation « un enseignant, une discipline, une heure, une classe». Faire réussir tous les élèves suppose de s’interroger sur le fonctionnement du système éducatif et non de rejeter individuellement la faute sur l’élève ou sa famille avec notes et devoirs. Faire réussir chaque élève, c’est le conforter dans sa capacité à construire ses savoirs, permettre de le rendre autonome dans la démarche d’apprentissage.
L’enjeu est la réussite de tous, le défi est de ne laisser personne sur le bord du chemin. Pour cela, et pour assurer notamment la réussite de la rentrée et du recrutement de 2013, il faut rouvrir de manière urgente la question de la formation des enseignants qui a été mise à mal par vos prédécesseurs.
Car, « si le savoir n’est pas le monopole du maître, celui-ci garde la responsabilité d’en ordonner le sens », disait Jules Ferry. Encore faut-il qu’il soit en capacité de le faire. Pour nous cette formation est la clé de la réussite de la refondation.
Placer l’enfant au centre du système, c’est aussi prendre en compte ses aspirations, c’est respecter ses conditions de vie et de travail, et la présence d’un enseignant à chaque heure de classe.  Il est temps que l’État remplisse sa propre obligation scolaire consubstantielle à celle des parents.
Prendre en compte ses aspirations c’est déjà faire en sorte qu’il soit acteur des décisions qui sont prises à son endroit, qu’il soit un acteur à part entière dans l’Ecole, en fonction de son âge et de sa maturité.
En particulier, il faut substituer à l’orientation par l’échec, trop corrélée au milieu social, une orientation choisie correspondant au projet de l’élève. La FCPE affirme que les jeunes sont en capacité de s’exprimer. Les jeunes doivent être associés aux décisions qui les concernent, en particulier sur leur projet personnel de formation. Car, in fine, c’est à eux, avec leurs parents, que ce choix appartient.
Il faut en finir avec la hiérarchie des voies au lycée et l’orientation couperet en fin de 3ème et en fin de seconde.
En ce sens, il faut valoriser les enseignements professionnels et ne pas les considérer comme des voies réservées aux élèves dont le système ne sait plus quoi faire. Pourquoi n’a-t-on pas de philosophie en lycée professionnel ? L’égalité entre les élèves doit être assurée. Pourquoi les jeunes seraient-ils différemment jugés, différemment considérés, différemment valorisés, différemment scolarisés et dans des lieux différents selon une filière alors qu’un lycée polyvalent répondrait bien à ces objectifs de choix progressifs comme de mixité sociale.
Rendre l’élève acteur de sa formation, c’est l’associer clairement à la vie de son établissement. La démocratie représentative dans les lycées doit vivre partout, les représentants des lycéens considérés comme des représentants crédibles et à part entière.
Assurer la réussite de tous, c’est prendre en compte les conditions d’études des élèves, les conditions de travail, les conditions de vie. C’est respecter les rythmes chrono biologiques de l’enfant et de l’adolescent en réformant les rythmes scolaires sur la journée, pour en finir avec les horaires pléthoriques, sur la semaine avec 5 jours éducatifs, et sur l’année en respectant une alternance : 7 semaines de classes (pas plus) et 2 semaines de congés (pas moins), comme l’a présenté la plateforme initié par la Jeunesse au Plein Air, à laquelle François Hollande avait répondu durant la campagne. Pour cela, il est nécessaire de dépasser les intérêts particuliers, il est nécessaire de se dire que l’intérêt des enfants doit être supérieur, qu’il convient de développer l’application de la CIDE qui promeut l’intérêt supérieur de l’enfant. Tous ces éléments doivent permettre que notre école soit moins inégalitaire, que l’élève retrouve le plaisir d’apprendre, et les enseignants, celui d’enseigner.
Enfin, ces dix dernières années, les parents d’élèves en ont entendu des vertes et des pas mûres sur leur compte. Dans la logique individualiste, l’échec des élèves repose évidemment exclusivement sur eux-mêmes ou leurs parents. Cette idée amène des propos scandaleux : enfants méchants, parents démissionnaires ou irresponsables, qui stigmatisent surtout les plus pauvres et envisage la suppression de leurs allocations. Il faut rompre avec cette logique et répondre aux difficultés des parents par l’aide à la parentalité, car comme nous le disons avec ATD Quart Monde : « avec leurs parents, tous les enfants peuvent réussir ».
Le 17 mars dernier, le Président de la République, alors candidat, a indiqué être favorable, à la demande de la FCPE, à la création d’un véritable statut du parent d’élève délégué. La place des parents comme acteurs de la communauté éducative doit être réaffirmée dans la future loi d’orientation. Les représentants des parents d’élèves doivent pouvoir exercer leur présence et leurs mandats à tous les niveaux du territoire : local, départemental, régional et national.
Enjeux lourds et nombreux que vous avez cités, enjeux urgents. Comme dans d’autres pays il est temps que PISA provoque le choc dont notre école, les élèves, nos enfants ont besoin. Nous participerons, sans défiance, avec optimiste et détermination à cette concertation. Il en va de la promesse faite à la jeunesse de notre pays pour qu’elle vive mieux demain qu’aujourd’hui, et nous FCPE sommes conscients que l’éducation est une des clés de la solution à la crise.
Pour la FCPE, vous le savez, Madame la Ministre, Monsieur le Ministre, Mesdames et Messieurs, ce sera les enfants d’abord.

Je vous remercie.

mardi 3 juillet 2012

Le Collectif National Rased reçu au ministère


Le Collectif RASED, qui rassemble organisations syndicales de l'Education nationale, associations professionnelles, fédération de parents d'élèves et mouvements pédagogiques, a été longuement reçu par le cabinet du ministre de l'Education nationale Vincent Peillon ce mardi 26 juin.

Le collectif a exposé la situation actuelle des RASED, durement touchés par les suppressions massives de postes opérées ces dernières années. Il a porté les attentes de la communauté éducative sur la question des aides spécialisées en direction des élèves qui rencontrent des difficultés à l'école. Il a également interpellé le ministère sur la situation des personnels qui ont perdu leur poste et sur la nécessité de rétablir les formations spécialisées.

Le ministère a rappelé la mise en place du plan d'urgence pour l'école, constitué notamment des 1000 postes pour le premier degré, tout en reconnaissant que ceux-ci permettraient de rendre « tout juste possible » la rentrée prochaine. La répartition et l'affectation de ces postes dans les académies doit être discutée dans les instances consultatives locales.

Il a annoncé que le chantier de la « refondation de l'école » associer à tous les acteurs de la communauté éducative.
Le Collectif Rased a demandé que des signes forts soient envoyés rapidement en termes :
− d'ajustement de la carte scolaire des réseaux d'aides spécialisées,
− de respect des missions des personnels,
− de communication et d'information en direction des parents, des professionnels sur le rôle et les missions des RASED.

Le Collectif, fort de toutes ses composantes, est prêt à prendre toute sa place dans les discussions et concertations sur la future loi d'orientation.