jeudi 2 février 2012

Interpellation des candidats à l’élection présidentielle 2012

Vers une orientation choisie
L’orientation scolaire des élèves, trop souvent liée au genre, au milieu social, au niveau de connaissance du système scolaire de la famille plutôt qu’au choix de l’élève, est source de discrimination. L’orientation par l’échec aboutit à l’exclusion et à la sortie du système éducatif sans aucune qualification d’un trop grand nombre de jeunes. Il faut lui substituer une orientation choisie correspondant au projet de l’élève.
La FCPE affirme que les jeunes sont en capacité de s’exprimer. Ce droit doit être respecté. Leur avis doit être sollicité et pris en compte. Ainsi les jeunes doivent‐ils être associés aux décisions qui les concernent, en particulier sur leur projet personnel de formation. Car, in fine, c’est à eux avec leurs parents que ce choix appartient.
L’orientation doit être comprise et mise en oeuvre comme un processus continu qui inscrit dans la durée le suivi de chaque élève dans ses choix, ses changements de parcours, ses difficultés, ses aspirations. Le collège unique n’est pas le collège de l’uniformité, il est le lieu où tous les jeunes apprennent ensemble ce qui leur est indispensable pour construire leur parcours et leur vie.
Parce qu’il n’est pas acceptable de proposer systématiquement à un élève décrocheur la voie professionnelle par défaut, il faut mettre en place dès le collège un encadrement scolaire spécifique à durée indéterminée, pour lui permettre de reprendre à son rythme un cursus correspondant à son choix. Après le collège, intervient la diversification des parcours pour chaque élève après la construction progressive son projet de formation. Ce projet passe par l’identification des aspirations personnelles avant de passer par un choix de métier. Cette diversification obéit à des choix personnels et non à une volonté de séparation et de sélection élitistes, elle doit prendre en compte le handicap. Elle se distingue ainsi d’une orientation par défaut qui maintient une hiérarchie de dignité entre les différentes voies de formation et empêche la démocratisation de la réussite de tous les jeunes.

Propositions
  • Respecter le choix des élèves et l’avis de leurs familles en matière d’orientation, choix qui ne peut intervenir qu’après une information de qualité sur les métiers, les branches professionnelles et les voies de formation.
  • Mettre en place une éducation à l’orientation tout au long du collège pour tous les élèves, avec des temps de découverte des métiers et des voies de formation. La formation à l’orientation n’est pas un cours mais un temps d’échange et de rencontre.
  • Créer un véritable service public de l’information et de l’orientation.
  • Dispenser à tous les enseignants une information sur les enjeux de l’orientation.
  • Créer des lycées polyvalents, lieux uniques réunissant tous les types de parcours permettant d’accéder au baccalauréat, avec de réelles passerelles favorisant le passage d’une voie à l’autre,
Adapter l’Ecole aux rythmes des enfants et des jeunes
L’organisation du temps scolaire aujourd’hui n’est pas adaptée aux rythmes et aux besoins des enfants et des jeunes. La question des « rythmes scolaires » s’inscrit dans le cadre plus global de l’aménagement des temps de vie des enfants et interagit avec l’ensemble des rythmes sociaux. Pour autant, cela ne saurait nous conduire à oublier les premiers concernés : les élèves.
Nous devons considérer le réaménagement du temps scolaire dans le contexte d’une éducation globale, sans dissocier les temps scolaires des temps périscolaires, extrascolaires et familiaux. Il faut également tenir compte de l’âge des enfants et des jeunes pour toute réorganisation des temps.
Propositions
Sur l’organisation de la journée
  • Raccourcir le temps de travail quotidien des élèves et y inclure le temps de travail personnel et les aides éventuelles.
  • Garantir à tous une pause méridienne de 90 minutes.
  • Aménager le travail de la journée scolaire en tenant compte des temps forts et des temps faibles de vigilance.
Sur l’organisation de l’année
  • Alterner sept semaines de classe avec deux semaines de vacances tout au long de l’année.
  • Accorder deux semaines de vacances à l’automne.
  • Réduire la durée des vacances d’été.
Sur l’organisation de la semaine
  • En primaire, organiser la semaine de classe sur au moins cinq jours équitablement équilibrés.
  • Dans le secondaire, ne pas excéder 35 h de temps scolaire hebdomadaire. Ce temps de travail doit couvrir l’ensemble des activités scolaires (préparation, recherche, travaux personnels, études…).
Gratuité : aller plus loin
Bien que le principe de gratuité de l’Ecole soit affirmé dans la Constitution, la scolarité à l’Ecole publique coûte de l’argent dans notre pays. Voyages scolaires, restauration, internat, fournitures scolaires, manuels scolaires, matériel sportif, scientifique ou professionnel... Rien de cela n’est pris en compte dans l’attribution des bourses scolaires, qui restent d’un montant dérisoire bien que complétées avec parcimonie notamment par les collectivités locales.
Il incombe à l’Etat de veiller à une réelle gratuité de l’enseignement. L’illisibilité de la répartition de certaines charges entre Etat et collectivités a fait dériver les coûts pour les familles et remis en cause la gratuité, chacun renvoyant à l’autre. Les familles se retrouvent ainsi à financer des manuels scolaires ou le transport, pourtant strictement indispensables à la scolarisation. La FCPE demande donc une redéfinition de la répartition des charges entre l’Etat et les collectivités territoriales.
En outre, le coût global de la scolarité à la charge des familles est extrêmement variable selon le lieu où elles vivent, créant ainsi de profondes inégalités territoriales. Ainsi, en primaire, la dotation par élèves varie de 1 à 10 selon les communes. Certaines ne fournissent même pas tous les livres scolaires, là où d’autres donnent tout. Au lycée, le fait que l’Etat ne remplisse pas son rôle fait que les parents ressentent les effets de politiques régionales extrêmement variables en matière de financement des manuels scolaires et d’équipement des lycéens professionnels.
Le système de péréquation existant ne permet pas de rééquilibrer ces disparités.
L’Etat doit garantir :
  • La gratuité de l’Ecole, ce qui englobe le matériel pédagogique (fournitures, livres et équipement) et le transport, avec une péréquation des moyens pour garantir l’égalité sur tout le territoire.
  • Des tarifs dégressifs selon un barème national, basés sur les ressources réelles des familles, pour les services périscolaires, la restauration, la garderie, afin d’assurer l’accès de tous dès lors qu’ils ne sont pas gratuits.
  • Des bourses nationales, calculées selon les revenus des parents, pour l'accès à des services privés (déplacements, librairies, services culturels, activités sportives, etc.), nécessaires pour combler les différences d'origine sociale et ainsi faire réussir tous les élèves.
  • Le droit aux vacances et aux loisirs pour tous les enfants et jeunes, à travers une loi favorisant les loisirs éducatifs et collectifs.

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